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Limites du concept de développement durable

dimanche 6 avril 2008


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Que reproche-t-on au développement durable ? Au delà de la récupération du thème par les politiques ou les grands groupes industriels, quelles sont les limites du concept et quelles questions soulève-t-il ?

Définitions du Développement durable et de la Décroissance : Définitions

Limites du développement durable :

- Le développement durable est un concept fourre-tout, mal défini, sans intérêt pratique, et qui dispense de fixer des limites à la satisfaction des besoins Jean-Marc Jancovici - 12/2002
- "La bonne question n’est malheureusement pas de savoir si la décroissance d’une consommation d’une ressource finie arrivera, mais juste quand. Je ne suis pas sûr que le "développement durable" soit d’une quelconque aide pour se faire à cette idée" Jean-Marc Jancovici - 12/2002
- L’effet rebond : quand on économise une matière première pour produire un bien, le gain d’éco-efficience est compensé par un accroissement des quantités produites François Schneider - 30/01/2005
(X) Plutôt que de réduire les prix, on peut également utiliser les bénéfices réalisés pour introduire des technologies plus vertes mais plus chères
Jim Womack (Is lean green ?) www.lean.org - 11/04/2003
- Ce modèle est inadéquat, "car la croissance de la consommation et celle des dégâts irréversibles en résultant est beaucoup plus rapide que la croissance des technologies censées répondre aux besoins de consommation tout en préservant les ressources naturelles" Jean-Paul Baquiast - 9/12/2006
- Le développement durable implique une révision radicale de nos modes de vie et de pensée Cyril Demaria - 29/11/2004
- Le développement durable est un acte de foi dans les progrès de la science déniant à la politique la capacité d’apporter des solutions Estèphe - 8/12/2004

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    • "au-delà d’un aspect purement marketing pour les partis politiques ou les entreprises, le développement durable implique une révision radicale de nos modes de vie, mais aussi de nos méthodes de réflexion."

      Certes mais là commence la vraie réflexion :
      Quels modes de vie et quelles méthodes de réflexion faut-il promouvoir ?

      La réponse est eput-être simple dans son principe et très complexe dans son application :
      Il est clair que si chacun savait donner à chaque instant une plénitude de densité d’être quelque soit ce qu’il fait ou consomme, une frugalité générale et une convivialité paisible résoudraient naturellement bien des problèmes que technostructures et fuites en avant techniques ne font que faire empirer.

      Mais comment vaincre les dogmes de nos méthodes de réflexion officielles ?
      Internet peut certes être un moyen utile....

    • Pourriez vous nous traduire en langue française accessible et compréhensible par le commun des mortels le jargon suivant ..

      "Il est clair que si chacun savait donner à chaque instant une plénitude de densité d’être quelque soit ce qu’il fait ou consomme, une frugalité générale et une convivialité paisible résoudraient naturellement bien des problèmes que technostructures et fuites en avant techniques ne font que faire empirer."

      merci .

      Nota :

      J’ai toujours apprécié les êtres simples , pragmatiques et imprégnés du bon sens paysan .

    • qu’il est agréable d’être quand on philosphe un peu d’être lu et interpellé..même un an après !

      Le bon sens paysan est fort utile...mais pour en parler il convient de le définir...
      s’il se limite à la défense rusée des intérêts matériels..il participe activement à tous les excès d’exploitation que nous dénonçons...

      Il vaut mieux à mon avis philosopher en le sachant que philosopher sans le savoir : même si cela oblige à utiliser parfois des termes un peu "techniques" ..que curieusement à l’heure actuelle on accepte beaucoup mieux dans d’autres disciplines....

      Notre société crève de son mépris pour les sciences philosophiques, et théologiques, qui font la grandeur de l’homme.

      C’est pourquoi il y a tant de suicides , symptome flagrant du mal de vivre moderne.

      En deux mots la plénitude de densité d’être se perçoit dans la contemplation du méditatif, moines de tous horizons notamment !

      cordialement

    • Je pense qu’on peut comprendre que :
      "Si chacun savait apprécier pleinement l’instant présent et ce qu’il a, on ne chercherait pas le ’toujours plus’ (plus grosse bagnole, plus grande télé...). De plus une telle attitude désamorcerait probablement les comportements compétitifs agressifs : à quoi bon en effet jouer à ’celui qui a la plus grosse’ ;-) dans ces conditions. Du coup, plus besoin de technologies toujours plus complexes et coûteuses à touts points de vue"

      Je remarque pour ma part que ce genre d’attitude a déja été pronée par des Lao-Zi ou Diogène de Laërce il y a plus de deux mille ans, en pure perte à ma connaissance.
      Le plus important obstacle au développement durable semble bien être d’ordre philosophique.

  • La définition que vous retenez du développement durable nécessiterait elle-même des précisions. En effet, qu’entend-on par "environnement" et par "long terme" ?

    Le rapport Brundtland retenait les concepts d’équité intergénérationnelle et de soutenabilité. Il serait peut-être pertinent de revenir à ces deux concepts pour tenter de répondre à la question des "limites du développement durable".

    En effet, la notion d’équité intergénérationnelle inclut ses propres limites, s’agissant d’équité et non d’égalité entre générations.

    Le concept d’équité intergénérationnelle permet notamment de prendre en compte la notion de progrès techniques, d’inachèvement permanent de l’analyse incorporat des critères de développement durable.

    Bien au-delà d’un aspect purement marketing pour les partis politiques ou les entreprises, le développement durable implique une révision radicale de nos modes de vie, mais aussi de nos méthodes de réflexion.

    Voir en ligne : Investir dans l’innovation est une démarche de développement durable

  • Développement durable ou décroissance ?

    Décroissance ? Avoir l’exigence d’une refonte du système économique plutôt que de "verdir" ce système pour limiter ses effets pervers. Cela pose deux questions : quelle nécessité y a-t-il à avoir cette exigence ? Le cas échéant, que faire pour la mettre en oeuvre ?

    1° Peut-on corriger le système à la marge, cela permet-il de résoudre le fond du problème ? Où le problème met-il en cause le système lui-même, et suppose-t-il donc de remettre en cause l’idée même de développement ?

    - Les partisans du développement durable (plus personne n’ose être contre, dire qu’il ne faudrait que du développement, sans préoccupation environnementale...) utiliseront toujours comme argument leur foi en les progrès à venir de la science.
    Comme ici-même concernant les découvertes de réserves de pétroles : rappelons que les réserves découvertes depuis 1970 (la publication du rapport du Club de Rome) ne font plus l’objet de contre-expertise. Les entreprises (forcément de parti-pris) disent ce qu’elles veulent, et d’ailleurs elles ne prétendent pas que leurs découvertes de nouvelles réserves soient à la hauteur. Total est le premier à dire que ses réserves seront épuisées en 2020. Gageons que pour ne pas faire fuir ses actionnaires cette multinationale a plutôt intérêt à sous-estimer le problème !
    Se fier ainsi aveuglèment en la science est une manière de dénier la politique, de considérer que l’on peut agir comme l’on veut puisque de toute manière la science apportera les solutions nécessaires.

    - De leur côté, les partisans de la décroissance utilisent de plus en plus l’argumentation de l’économiste Nicholas Georgescu-Roegen : l’économie a oublié de prendre en compte les données environnementales, il faut intégrer le caractère limité des ressources naturelles disponibles, et donc imposer la décroissance étant donné notre surconsommation de pétrole - et d’autres ressources comme le gaz, ou encore l’uranium (NB : le nucléaire n’est pas une alternative au Pic de Hubert, à la limitation des réserves de patrole ; en effet vu la consommation d’uranium, il ne reste plus de stocks que pour 20 ans ! C’est d’ailleurs bien pour ça que la France et le Japon font le pari technologique de l’EPR, i.e. le nucléaire sans uranium, alors que scientifiquement parlant cela demeure encore totalement du domaine du rêve ! Où l’on retrouve la foi aveugle en la science...).
    Cette argumentation est très présente depuis que Serge Latouche a remis NGR au goût du jour. C’est malheureusement oublier que la décroissance est apparue avant parmi les économistes. Je ne parle pas d’auteurs qui peuvent rétrospectivement être interprétés comme prônant de la décroissance (Voltaire avec son Candide qui se contente de cultiver son jardin, ou encore Diogène dans son tonneau...), mais uniquement d’auteurs qui envisagent explicitement de ne plus jouer le jeu de la croissance capitaliste. Il y a Paul Lafargue ("Le droit à la paresse") qui donne une vision décroissante du marxisme ; il y a Joseph Schumpeter ("Capitalisme, Socialisme et Démocratie", et surtout "Théorie de l’Evolution Economique") qui envisage la chute du capitalisme par l’apparition d’une catégorie de bourgeois ne voulant plus jouer le jeu du système car ne voyant plus d’intérêt à gagner toujours plus d’argent. Il y a enfin, et c’est personnellement là que je vois la réflexion la plus avancée en la matière et donc une source d’inspiration pour légitimer l’exigence de décroissance, John Kenneth Galbraith expliquant les mécanismes du "Nouvel Etat Industriel". Pour le résumer (trop) succintement, les processus d’innovations technologiques sont impulsés et contrôlés par la "technostructure", c’est-à-dire par les exigences de fonctionnement propre aux organisations (qu’elles s’intègrent dans le capitalisme ou dans la planification socialiste - Galbraith a écrit ce livre pendant la guerre froide) : les innovations sont pensées et mises en oeuvre pour légitimer l’existence de cette technostructure (pour légitimer le fait de les faire vivre, d’assurer un salaire à ses membres - contrairement à Schumpeter, Galbraith ne pense pas que les innovations sont là pour apporter plus de profits aux capitalistes, mais uniquement pour faire vivre les cadres dirigeants), et certainement pas pour améliorer le bien être de la société. D’où la nécessité d’assurer une publicité suffisante : les nouveautés sont des produits inutiles dont il faut assurer l’écoulement des stocks en convaincant les clients potentiels de les consommer. Bref, la logique de consommation, de croissance perpétuelle découle du fonctionnement de notre système économique.
    Je vois dans cette argumentation un point essentiel : il s’agit de se réapproprier les sources d’innovations, pour que l’innovation technologique, l’évolution de l’économie, ne se fasse plus pour continuer à faire tourner la boutique, mais avec comme objectif d’améliorer la vie de chacun (tout de suite - indépendemment du mirage de l’élévation du niveau de vie de chacun grâce au progrès technologique - mais sur cette difficile question il faut renvoyer à l’essentiel livre "La convivialité" d’Ivan Illich qui parle du seuil au-delà duquel une technologie produit l’effet inverse de celui qu’elle était sensé produire).

    2° Alors, comment faire ?
    Il s’agit bien sûr que chacun fasse des efforts de simplicité volontaire pour se limiter aux technologies vraiment utiles, pour ne plus se faire endoctriner par la publicité mais réfléchir à son mode de vie, à ce dont l’on a vraiment besoin. Est-il en particulier nécessaire de travailler autant pour gagner plus et... se payer une voiture qui sert avant tout à... se rendre au travail !
    Il s’agit aussi d’expliquer encore et toujours aux autres le mécanisme de l’économie et ce qu’il a de pervers. D’expliquer la possibilité de fonctionner autrement, de ne pas jouer le jeu du système et de se passer des outils technologiques que l’on prétend nous imposer.
    Mais surtout, les décisions politiques peuvent influer pour accélérer cette évolution, pour qu’elle ne commence pas une fois qu’il sera trop tard, une fois que les prix du pétrole se seront totalement envolé. Quelles décisions politiques ? Mettre en oeuvre la décroissance, se déline dans tous les domaines (cf. deux livres d’Ivan Illich : "La némésis médicale" et "Une société sans école" - où il n’est bien sûr pas question d’interdire l’éducation, mais uniquement de remettre en cause le monopole d’état sur l’éducation, d’opérer une séparation de l’école et de l’Etat comme il y a eu une séparation de l’église et de l’Etat).
    Je crois néanmoins qu’il y a trois politiques essentielles à mettre en oeuvre conjointement pour donner un signe fort de changement. Suivant toute la réflexion d’André Gorz l’enjeu est de renouveler le rapport au travail, et ce par trois politiques : la réduction drastique du temps de travail, l’attribution d’un revenu minimum progressivement inconditionnelle, et le fort soutien étatique à l’économie sociale et solidaire. Les deux premiers aspects peuvent aider les salariés à sauter le pas du refus d’un travail aliénant pour s’investir dans l’économie sociale et solidaire. Ce secteur économique méritant d’être développé car il est le seul lieu possible d’une réappropriation par les citoyens des capacités d’innovations technologiques, pour que l’innovation ne se fasse plus pour faire vivre la technostructure. C’est évidemment une lutte à toujours poursuivre, car même une organisation de l’Economie Sociale et Solidaire peut dévier sous le poids de sa technostructure. Le meilleur exemple m’en semble être la MAAF : originellement une mutuelle très innovante (indiscutablement pour le bien de tous : constats amiables, système du bonus/malus, etc.), cette mutuelle a été victime de son succès jusqu’à devenir dans l’assurance le fleuron de l’innovation par et pour la technostructure - des innovations inutiles que l’on vend à grand renfort de publicités puisque spontanément les assurés n’auraient aucune raison d’en arriver là.

  • " QUELLES LIMITES ? "

    En matière d’évolution, on ne connaît pas de limites dans la durée : le " développement " de l’humanité s’y inscrivant, on ne lui en connaît pas non plus.

    Cependant, la longévité est limitée, de même que les capacités de consommation des individus, qui, par ailleurs, ne reposent pas uniquement sur le volume des prestations de service ou des produits.

    Si on l’entend comme celui de la société humaine, le développement est donc durable par définition et ne demande pas d’être précisé comme tel.

    En revanche, il n’est pas synonyme de " croissance ", au sens économique de ce terme, notion essentiellement quantitative, usuellement mesurée par un paramètre unique et global, le PIB, lequel ne peut en aucun cas rendre compte des aspects qualitatifs de l’évolution du monde.

    Il en résulte que la différence entre la progression indéfinie de la croissance économique dans la quantité et le cheminement incertain du développement se concrétise par un gaspillage généralisé des ressources matérielles et psychologiques.

  • LIMITES DU DEVELOPPEMENT DURABLE ?

    S’il faut se poser, plus que jamais, la question des limites, je crois qu’elle doit l’être en d’autres termes.

    Il y a crise, c’est-à-dire un seuil atteint dans notre histoire, avec :

    - la mondialisation de l’économie,
    - les menaces sévères, induites par l’activité humaine, sur la pérennité de nos modes de vie...

    ... modification des données climatiques,
    ... épuisement annoncé de ressources de base (pétrole, espèces vivantes),
    ... altérations réitérées, voire cumulées, d’autres ressources primordiales (eau, air, aliments).

    La notion de développement durable sous-entend que l’on essaie de prendre en compte ces phénomènes nouveaux et de grande ampleur en conservant une philosophie adaptée à une évolution dans la continuité (même si l’accélération du progrès technique avait pu susciter des interrogations).

    Reconnaissons qu’il s’agit, davantage que d’un changement d’allure, d’un véritable changement de cap à effectuer, et que, si on tient au terme de développement, il faut l’appliquer, sans le restreindre au champ économique, à la totalité de notre "écosystème planétaire".

    C’est pourquoi on ne peut pas être pour ou contre la décroissance ou le développement durable. On a besoin de changer d’outils, de méthodes et de mesures, afin de s’adapter sans régresser, de progresser sans détruire.

    Pour cela, il faut reconnaître les limites que nous fixent les cycles naturels, mais que nous pouvons, à condition d’en respecter les rythmes, faire évoluer pour harmoniser le "technosystème" avec les exigences de la planète.

  • notre survie future dépend de notre vie présente ! gardons cela a l’esprit.