"Plusieurs hypothèses ont été proposées pour rendre compte d’un besoin du "Moi" de se protéger face à l’imminence de sa propre mort en se réfugiant dans un monde de fantasmes construit à partir de croyances conscientes et/ou inconscientes. (...)il est vrai que les NDE se déroulent toujours selon un schéma constant et tous les récits contiennent un grand nombre de symboles universels (le passage, la lumière, Dieu etc.) ce qui pourrait suggérer un rôle important de la psyché dans le phénomène. La plupart du temps, ces symboles sont sans aucun rapport avec les croyances des témoins et ceci n’est pas sans rappeler la notion d’archétypes développée par Carl Jung qui représenteraient des images primordiales appartenant à un inconscient collectif. D’après Jung, il existerait autant d’archétypes que de situations typiques dans la vie. Il ne serait donc pas surprenant de trouver des archétypes liés à la mort. Bien que Jung lui-même ait vécu une NDE et ne l’interprétât pas par rapport à l’inconscient collectif, certains de ses adeptes ont vu dans la NDE une imagerie archétypale déclenchée par l’approche de la mort. Cette théorie est intéressante et contient probablement une part de vérité, bien qu’elle ne puisse pas rendre compte de tous les aspects de l’expérience. D’autre part, elle ne peut pas constituer une explication suffisante en soi, étant donné que la notion d’archétype, qui implique la présence de structures psychophysiologiques préexistantes à notre naissance, est une théorie qui n’a elle-même jamais été démontrée."
Extrait de "Qu’en dit la Science ?" de Sylvie Déthiollaz
Voir son site : http://noesis.ch/
Hypothèse inspirée de Jung : les NDE déclencheraient une séquence-type, présente dans le cerveau.
Objection 1 : la théorie de Jung est hypothétique, notamment on ne peut pas expliquer la présence de tels archétypes par les neurosciences. On remplace donc l’explication "surnaturelle" par une autre explication mystérieuse !
Objection 2 : les conditions psychologiques, physiologiques, événementielles, etc., de déclenchement des NDE sont très variables. On ne peut guère penser qu’un état bien précis "déclenche" une séquence préexistante dans le cerveau humain.
Point d’étape
Hypothèse qui n’est pas suffisamment étayée.
Messages
4 décembre 2005, 17:59, par un factotum planétaire
Bonjour,
A propos de l’objection1, je souhaite formuler une contre objection.
En effet, qu’est ce qui prouve que la neuroscience permet d’être plus proche de la réalité que les expériences de Jung en ce qui concerne les NDE ?
Mettre en avant la neuroscience revient à mettre en avant la matière et à ne pas considérer l’âme. Hors l’âme est au cœur du débat des NDE, et est même à l’origine du débat. La question montre bien qu’il y a un enjeux et cela provoque en nous une réaction. Pourquoi l’âme est elle de nouveau mise de coté ?
La matière et la vision mécaniste des sciences classiques apportent une vision concrète à laquelle le mental s’accroche et se rassure, pensant que cela est forcement vrai. Mais voila, ce que tend de plus en plus à nous montrer la physique fondamentale, c’est que ces aspects sont illusoires. (On arrive même à mettre en doute l’existence de notre univers !)
La théorie de Jung d’une structure psychique préexistante est au contraire vérifiable par l’expérience directe. Il s’agit d’une expérience personnelle qui ne se met pas dans des éprouvettes, car il s’agit justement d’une expérience de l’âme, ou plutôt d’une exploration de soi. Il appartient à chacun de faire sa propre expérience pour le prouver (ou pour prouver le contraire). Cette démarche, lorsqu’on l’approfondie amène forcement à des constats factuels sur la réalité de cette théorie. On peut aussi se contenter de faire confiance à l’expertise de Jung mais cela n’apporte pas de vraie connaissance de soi.
Que les neurosciences n’expliquent pas cette théorie de Jung ne signifie pas que cette dernière est fausse. Par contre cela montre que si cette théorie de Jung est vraie (ou reflète une part de réalité), alors la neuroscience est hors de son périmètre d’utilisation. On sort du cadre des compétences de la neuroscience lorsque l’on parle d’archétype. Je vois mal comment utiliser les neurosciences pour aborder une connaissance aussi subtile de l’âme humaine. Pourquoi pas la chimie ou même la physique alors ?
Je pense donc que l’on peut continuer à essayer de trancher si les NDE sont liées à la manifestation d’archétypes ou non.
Un autre point doit être soulevé car l’article actuel parle de théorie « explicative ».
Il n’y a jamais eu d’explication par une quelconque théorie sur n’importe quel sujet. Il s’agit d’un abus de langage qui provoque beaucoup de confusion. Les théories sont uniquement des moyens de décrire et de prévoir des phénomènes. Elles sont toujours limitées à un périmètre d’utilisation limité qu’il faut respecter, et surtout, fondamentalement, elles n’expliquent rien. La capacité prédictive des théories plonge beaucoup de gens, et même certains scientistes, dans l’illusion d’une explication rassurante.