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Comment l’Uruguay met en place son modèle de contrôle et de régulation du cannabis

lundi 16 juin 2014

Julio Calzada, actuel Secrétaire général du Conseil National des Drogues, est la cheville ouvrière du projet de contrôle et de régulation du cannabis en Uruguay. Son expérience intéresse beaucoup d’autres pays... Il a accordé un long entretien à des personnalités suisses mandatées par la Commission fédérale des questions liées aux drogues (CFLD) pour réfléchir à la future politique en matière de drogues.

Entretien publié par le magazine suisse L’Hebdo. En voici quelques points saillants :

Obliger les citoyens à se fournir au marché noir est une atteinte à leurs droits !

L’Uruguay considère que les droits humains, qui incluent le droit à la santé et à la sécurité de tous ses habitants, sont plus importants que les conventions internationales qui imposent d’incriminer l’offre de stupéfiants (production, trafic, cession et détention).

Comme en Uruguay les gens sont libres de consommer des drogues, ne leur laisser d’autre solution que de se fournir au marché noir les expose à la violence des dealers et à la mauvaise qualité des produits. Le gouvernement se doit donc de faire cesser cette atteinte à leur droit à la sécurité et à la santé.

Pour justifier la primauté des Droits de l’homme sur les conventions internationales sur les stupéfiants, Julio Calzada s’appuie sur la convention de Vienne sur le Droit des traités, en faisant remarquer que de toute façon tous les pays interprètent les conventions... D’ailleurs, l’Uruguay n’a pas été condamné par les instances qui veillent au respect des conventions, car il n’y a pas eu consensus pour cela.

Pourquoi pas les autres drogues ? Ce n’est pas mûr politiquement, et il faut d’abord démontrer la viabilité de ce qui est en train de se mettre en place pour le cannabis.

La légalisation n’était pas envisageable

Alors que les groupes de consommateurs et les organisations sociales réclamaient la légalisation pure et simple du cannabis, le gouvernement s’est tourné vers un modèle de contrôle et de régulation afin d’obtenir un accord assez large. Dans ce modèle, le marché est encadré par l’Etat qui établit un certain nombre de contrôles.

L’Uruguay n’a pas voulu s’engager dans le modèle libéral prôné par le Colorado, car la drogue n’est pas un business comme un autre.

La drogue a changé les valeurs de la criminalité

Il n’y a pas en Uruguay de grands groupes mafieux organisés comme au Mexique ou en Colombie. Mais il y a un début de "féodalisation" de certains quartiers, où les services publics ont du mal à pénétrer. On assiste à une métamorphose de la criminalité, car les codes ont changé.

Il s’agit d’une solution imparfaite

L’Uruguay s’est doté d’un Comité scientifique et d’un Conseil pour l’évaluation et le monitoring de la nouvelle politique, qui permettront de faire des corrections si des erreurs sont constatées. Le ministre indique par exemple que le système de vente en pharmacies n’est peut-être pas le plus adéquat, et qu’il faudra peut-être le changer…

Et que si le prix de vente doit être ajusté, il le sera. Il est actuellement fixé à 1 $ le gramme, soit le même prix que le marché noir, mais une qualité jugée meilleure.

Lire l’interview intégrale dans L’Hebdo
Pour en savoir plus :
- Que se passe-t-il en Uruguay ?
- Le texte de la loi 19.172 sur la Régulation et le Contrôle de la marijuana