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Cannabis, toujours plus fort
lundi 28 avril 2014
Dans son dossier provocateur Droguez-vous avec modération, Libération (14/04/2014) [1] fait le point sur les usages du cannabis, tels qu’ils ressortent du Global drug survey, enquête internationale à laquelle la France participait pour la première fois.
« La shunk, variété d’herbe la plus violente, est la préférée (57%), devant l’herbe « normale » (29%) et la résine (9%). Voilà pour les goûts. Dans la réalité, la résine est la plus utilisée, devant l’herbe, la skunk et l’huile. Les consommateurs ont des souhaits paradoxaux : ils désirent un cannabis plus pur et plus fort, mais craignent ses effets négatifs (torpeur hébétée, pertes de mémoire…). Deux tiers se fournissent auprès d’un dealer, payant de 6 à 12 euros le gramme. 22% font pousser leur herbe. Sur le mode de consommation, 90% le mélangent avec du tabac, forme la plus nocive. Seuls 3,6% utilisent un vaporisateur, moins risqué pour les poumons car il dégage les principes actifs sans combustion ni tabac. Et à peine 0,7% ingèrent. Rappelons que, selon les études, 1 utilisateur sur 10 est dépendant, et la consommation chez les ados peut provoquer des dommages graves. D’où l’utilité de mesurer sa consommation (sur Drugsmeter.com). »
A la une de @libe lundi : Droguez-vous avec modération
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— Libération (@libe) 13 Avril 2014
Le Global drug survey contient d’autres enseignements intéressants relatifs au cannabis :
C’est en Nouvelle Zélande, pays où le cannabis est régulé, que la proportion d’usagers de cannabis synthétique ayant eu recours à des soins médicaux d’urgence est la plus élevée (1 sur 30). Les auteurs de l’étude en concluent que la régulation des drogues n’entraîne pas nécessairement une baisse de leurs effets nocifs.
Les utilisateurs de cannabis recherchent des produits qui leur procurent le maximum de plaisir et le minimum d’effets secondaires. Or les cannabis à haute teneur en THC accroissent le plaisir, mais apportent leur lot d’effets négatifs. Selon les auteurs de l’étude, le moyen de les minimiser sans réduire le plaisir serait d’associer le THC et le CBD (cannabidiol), ce que ne propose généralement pas le marché illicite. Ils se demandent donc si les marchés régulés tel celui qui se met en place au Colorado ne vont pas mieux répondre à cette demande de préparations plus équilibrées. Et s’ils ne vont pas également faire la promotion de formes mieux tolérées telles que la vaporisation et arrêter de proposer des mélanges avec du tabac.
Parmi toutes les drogues illicites, c’est le cannabis dont les usagers souhaitent le plus réduire ou arrêter la consommation. Cela confirme que l’usage du cannabis peut être problématique pour certains usagers (sans doute 10-20%).
[1] Les réactions au dossier de Libé : Laurent Karila, psychiatre addictologue, et l’AFR, ASUD et AIDES