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> Peut-on concilier décroissance et plein emploi ?

15 décembre 2005, 16:13, par Philippe Annaba

Débat du 15 décembre : « Décroissance et emploi »
Café Culture de Toulon : Atelier « Décroissance »
M. Doaré et Annaba
Depuis deux siècles, insensiblement, les pays industriels se sont construits en s’enfermant dans leur propre logique du cul de sac.
Le profit vient de la consommation, donc du revenu. Pour qu’il y ait du revenu il faut du travail donc de l’emploi. La production n’est donc qu’un moyen et non une fin en soi. D’ailleurs pour faire plus de profit on met la production là où elle revient le moins cher. Et comme il n’y a plus de travail-emploi qui donne le revenu, celui-ci provient des aides et prestations sociales, en attendant que les marchés, donc que la consommation se développe, là où la production s’en est allée, et ainsi de suite. Il y a donc circulation planétaire de la paupérisation et de la richesse, et non remplacement de la pauvreté par la richesse.
Avant de se demander si la décroissance amène une détérioration de l’emploi, il faut être conscient de l’évidence selon laquelle, de toute façon, le système du capitalisme financier déstructure l’emploi dans les pays riches pour l’implanter dans les pays dits émergents.
Les conséquence de cette disparition progressive de l’emploi industriel, dit productif, qui n’a encore rien à voir avec la décroissance, est une déstructuration sociale, puisque les aides et prestations sociales ne sont plus financées par les cotisations des entreprises et des salariés qui ont disparu. Il y a donc bien paupérisation, donc mouvements sociaux, révoltes des groupes les plus touchés et guerre civile.
Cette évolution est enclenchée en France où il semble que la dette de l’Etat atteigne aux dernières nouvelles 2000 milliard d’euros, c’est à dire 65000 euros (430000 F) par contribuable.
Pour les dirigeants de gauche comme de droite une telle situation catastrophique ne peut être résolue que par une croissance plus forte. C’est en effet stupidement arithmétique. Plus il y a de croissance, plus il y a de revenus du travail et du capital, donc plus il y a de ressources pour l’Etat.
Les conséquences sur les générations futures en ce qui concerne l’environnement n’entrent évidemment pas en ligne de compte, malgré les comédies sur-médiatisées du « développement durable ».
Pendant ce temps là, tsunamis, ouragans, tempêtes encore jamais vues aux Canaries et ailleurs, pollution au benzène en Chine sur des territoires immenses. En fait, seul le désert de Gobi (Mongolie), ne cesse de se développer durablement !
Comme dans toute religion, le conditionnement sert à cacher l’incohérence de la Révélation, la Révélation de la divinité Emploi.
En revanche la décroissance dont le but évidemment rationnel est de préserver la nature et ses ressources, oblige à l’économie et à remplacer le gaspillage énergétique par le travail animal et humain. L’agriculture et l’artisanat sont de gros employeurs, si on est décidé à y économiser les énergies fossiles. La réaction automatique des bien-pensant est alors : « on ne peut pas revenir à l’âge préhistorique ! »
Qui demande à revenir à l’âge préhistorique ? Faire l’effort de revenir quelques années en arrière serait suffisant. Or si le processus actuel continue, l’âge préhistorique risque bien en effet de nous rattraper.
Y avait-il un problème d’emploi avant l’ère de la surconsommation de l’énergie fossile ? Non bien sûr. Un retour à une moindre consommation de cette énergie, redonnera de l’emploi, d’autant plus que le transport devenant plus cher, des productions pourront revenir dans les pays d’où elles sont parties. De l’emploi il y en aura, ce n’est pas la question. La question c’est : est-ce que les gens sont capables de changer de mentalité ? Va-t-on les préparer suffisamment tôt à ces changements ?
Affirmer sans contestation possible que pour donner du travail à ceux qui n’en ont pas il faut une forte croissance est une absurdité, puisque la croissance pour dégager plus de profit doit augmenter la productivité, donc recourir à de plus en plus d’automation, de technologie et donc moins d’emploi. Il n’y a augmentation du profit que lorsqu’il y a diminution des salaires ou suppression des salaires. C’est pourquoi l’énergie fossile pas chère supprime des emplois en polluant la planète. L’exemple caricatural est cet employé communal, qui tout seul, un casque sur les oreilles, s’escrime à souffler les feuilles qu’on ramassait jadis à la pelle. Il casse les oreilles à tout le voisinage, pollue comme un cyclo et transforme deux employés en deux chômeurs. Sans compter que tout seul, ne pouvant parler à personne il s’emmerde comme un rat mort.
Malheureusement, la décroissance, dans un contexte de continuation de la poussée démographique mondiale est un leurre. Il faudrait se poser la question de la population supportable par la planète dans le cadre de sa préservation. Mais la démographie n’est pas une variable manipulable à cause des religions, des nationalismes ou des idéologies, c’est une variable qui ne peut évoluer que « par la force des choses ».

Voir en ligne : "Naître ou ne pas Naître"

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